- MÉMOIRES (littérature soviétique)
- MÉMOIRES (littérature soviétique)MÉMOIRES, littérature soviétiqueRenouant, par-delà presque un siècle, avec la tradition de Herzen, la floraison des Mémoires littéraires en U.R.S.S. à partir de la seconde moitié des années cinquante est un des aspects les plus significatifs de la «déstalinisation» des cerveaux: tout se passe comme si, pour se délivrer d’années d’envoûtement collectif, des écrivains connus reconsidéraient leur propre passé, cherchant en quelque sorte à se retrouver soi-même. C’est dans ce genre que des auteurs de la vieille génération donneront le meilleur de leur œuvre: Constantin Paoustovski avec L’Histoire d’une vie (les cinq derniers volumes surtout, publiés de 1955 à 1963) et Ilya Ehrenbourg dans Les Années et les Hommes (1960-1967). Confession lyrique où de bouleversants épisodes du siège de Leningrad alternent avec les actes de foi dans une communion humaine désormais possible, Les Étoiles du jour sont certainement le plus beau livre de la poétesse Olga Bergholtz (née en 1910). Après une longue carrière de romancier «sage», Valentin Kataïev (né en 1897) entreprend de raconter ses souvenirs des grands écrivains du passé (Bounine, Maïakovski) dans L’Herbe de l’oubli (1967). Une septuagénaire, Nadejda Mandelstam (1899-1980), écrit Contre tout espoir (non publié en U.R.S.S., traduction française en 1972), à la fois monument à la mémoire de son mari, le poète Ossip Mandelstam, mort en déportation sous Staline, et réflexion profonde sur le stalinisme. Enfin, si la plupart des souvenirs ou écrits de captivité ont surtout valeur de témoignage brut, on est en droit de rattacher au genre des Mémoires littéraires Les Années et les Guerres (1964) du général Alexandre Gorbatov, Une voix dans le chœur d’André Siniavski ainsi que Le Journal d’un condamné à mort d’Édouard Kouznetsov (1973, textes non publiés en U.R.S.S.), ou encore les passages-confessions de L’Archipel du Goulag de Soljénitsyne.
Encyclopédie Universelle. 2012.